Intitulé du colloque

Colloque international
« Frontières – Frontiers and Borders»
Faculté de Lettres et Langues -Université de Tours, France
5-6-7 octobre 2023

Vendredi 6 octobre 2023

site Fromont

9H conférence plénière Edwige Camp

"L'autodétermination en Ecosse"

salle FR16

 

 

14h conférencier Plénier Daniel Lebaud

 

"Familiarité(s) sémantique(s): Frontière, limite, bord, borne"

 

salle FR17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Argumentaire scientifique :

Limite, démarcation, bordure, séparation ou mur, la notion de frontière prend des formes multiples et complexes en ce début de XXIe siècle.

Qu’elle désigne une limite déterminant l’étendue d’un territoire ou toute espèce d’obstacle que l’on doit franchir, qu’elle soit le point de séparation entre deux choses opposées, ou au contraire un territoire à découvrir, la frontière, virtuelle ou réelle, naturelle ou arbitraire, linguistique ou territoriale, sociétale ou historique, partitionne nos pays et notre connaissance, conditionne nos déplacements et nos réflexions, sépare nos langues et nos espaces de vie, limite nos échanges et nos avenirs, divise nos opinions et nos croyances, éloigne nos cultures et nos sociétés. La frontière, une fois franchie, permet aussi de rapprocher l’éloigné, de concilier l’inconciliable, d’entremêler les différences et de connecter l’antagoniste.

A l’instar d’autres concepts fondamentaux de notre modernité politique (souveraineté, ouvrier, classe, etc.), la frontière est une notion que d’aucuns considèrent aujourd’hui comme dépassée ou en crise. Marquées par les incertitudes, par l’accélération du temps et par la perte de sens lié à l’effritement des repères sociaux, nos sociétés seraient devenues « liquides » (Baumann). Ce constat pessimiste est pourtant accompagné bien souvent d’un discours normatif (le devoir-être) qui regarde vers le futur avec optimisme : ce n’est pas simplement que les frontières ne seraient plus aujourd’hui ce qu’elles étaient ; elles n’auraient plus de place dans notre monde, qui devrait les faire disparaître. Sans doute la mondialisation – à échelle globale – et l’Union européenne – à échelle régionale-continentale – est-elle le projet politique et économique le plus représentatif de cette approche très libérale.

Reste que les frontières ne sauraient disparaître (le peuvent-elles ?) aussi vite que certains le prétendent. En réalité, elles sont encore là, et sans doute d’une manière moins liquide que les thèses postmodernistes ne le suggèrent. Pensons aux frontières physiques (ces murs que l’on dresse pour barrer le passage aux immigrants). Pensons à la nécessaire dimension territoriale du droit, qui a besoin d’une frontière pour délimiter son champ d’application. Pensons encore aux frontières entre vie privée et vie publique ou, pour nous autres chercheurs, entre champs disciplinaires. Ces frontières seraient-elles aussi à supprimer (car empêchant une circulation perçue comme étant positive) ou bien seraient-elles fondamentales afin de définir les contours et les formes d’une vie décente (la vie privée face au Big Brother (Orwell) dans nos sociétés ultra-connectées) ou d’un domaine de connaissance par définition fortement spécialisé et cloisonné (Kelsen) ?

La réflexion sur la notion de frontière peut encore être étendue à toutes les limites sociales que les personnes rencontrent dans leur vie : le travail et sa précarisation creusant un gouffre entre les riches et les pauvres ; le plafond de verre auquel se heurtent les femmes ; les discriminations à l’égard des minorités raciales, religieuses ou linguistiques ; la crise de la représentation politique témoignant de la distance et de la perte de confiance entre gouvernants et gouvernés ; etc.

L’atelier 1 « Frontières et droit : frontières et autodétermination » (responsable : Jorge Cagiao y Conde) s’intéresse à la manière dont les frontières peuvent être redessinées au regard des principes et valeurs démocratiques au XXIe siècle. S’agissant des frontières étatiques, l’opinion dominante, qui converge à la fois avec le droit international public et avec la théorie académique la plus influente (remedial right only theory), défend fondamentalement le droit des États-nation consolidés à leur intégrité territoriale. En dehors des cas coloniaux (de moins en moins nombreux) et des contextes violents ou de violation systématique des droits humains, les demandes de sécession seraient perçues comme étant illégitimes. Or, ces vingt ou trente dernières années, plusieurs conflits sécessionnistes dans des démocraties avancées (Canada, Royaume-Uni, Espagne) ont pu semer le doute sur les fondements démocratiques de cette opinion ou théorie dominante. Tout comme la mondialisation, du reste, qui de plus en plus incline à interroger le sens et le rôle classique des frontières. Droit primaire ou droit exceptionnel ? Frontières renégociables ou quasiment immuables ? Voilà le débat qui est proposé aux intervenants.

L’atelier 2 « Frontières et traduction dans un contexte de mondialisation » (responsable : Joëlle Popineau) se propose d’appréhender les différences sociétales, culturelles et juridiques entre deux pays donnés comme autant de frontières en termes de traduction ou d’équivalence, engendrant incompréhension, maladresse et malaise dans certains cas, contre-sens et pertes financières dans d’autres cas. Par exemple, la culture du nouveau pays d’installation ou du pays visité peut être perçue comme un mur d’incompréhension pour les migrants ou les voyageurs, pour qui la société et la culture autres sont mal comprises ou mal traduites, voire intraduisibles. Autre domaine, celui des contrats : les différences juridiques entre deux pays contractants peuvent être conçues comme autant de frontières traductionnelles, remettant par exemple en cause la fluidité des biens et des marchandises favorisée par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En effet, on peut se demander quel système juridique doit prévaloir dans la rédaction d’un contrat liant une société britannique et une société française, sachant que le système juridique de common law de l’Angleterre et le système de tradition civiliste de la France puisent leurs origines dans deux conceptions différentes et contiennent des notions ou clauses intraduisibles, telle la notion de droit d’auteur ou la clause d’inexécution d’un contrat en cas de force majeure ? Pour chaque type de frontière traductionnelle envisagée, il conviendra de mener une réflexion approfondie de la notion ou du concept et proposer une traduisibilité ou équivalence argumentée et exemplifiée.

Pour ce qui concerne la linguistique (Atelier 3 « Frontières et linguistique : marqueurs de frontière et de dépassement », responsable : Sylvester Osu), il semble intéressant de mener la réflexion sur les manières d’exprimer la frontière dans les langues et dans le même mouvement proposer une analyse linguistique de ces expressions. Par exemple, l’adverbe français presque comme dans « c’est presque cuit » implique que ce n’est pas du cru et en même temps, ce n’est pas du cuit, on est à la frange, à la limite du cuit. Donc, presque renvoie à la frontière entre cru et cuit. Autre exemple : Jacques a franchi la ligne d’arrivée du marathon de Paris en 2h. La ligne d’arrivée constitue la frontière entre l’espace de non-arrivée et l’espace d’arrivée. Y a-t-il un lien entre la frontière telle que construite par presque et par franchir ? Voici quelques éléments pour réflexion côté linguistique. Le recours à la topologie en linguistique pourrait permettre une analyse fine des unités linguistiques en question (énonciation).

Comprendre le rôle des frontières dans les sentiments de sécurité et d'insécurité des populations et avoir un regard plus englobant sur ces questions de politique internationale est le thème de l’atelier 4 « Politiques (policies) et frontières : sécurité et insécurité » (responsable : Elizabeth Sheppard Sellam). En effet, les événements récents, de la guerre en Ukraine aux activités terroristes en France et ailleurs, donnent à la population européenne l'impression qu'à mesure que nos frontières se fluidifient, la sécurité semble moins stable que par le passé. De nombreux défis à la sécurité intérieure sont devenus transnationaux, affectant le sentiment de sécurité parmi les populations. Qu'il s'agisse de la montée de la xénophobie en Europe, de la cybercriminalité, de la traite des êtres humains et de la violence en général, les sondages d'opinion montrent que ces sujets sont considérés comme essentiels par le grand public et nourrissent le populisme en politique. Si la mondialisation et la libéralisation menée par l'UE en particulier ont exacerbé ces questions, on ne peut exclure les problématiques plus traditionnelles de souveraineté pour les pays limitrophes de la Russie, pour lesquels la notion de « frontières » rime avec une forme plus traditionnelle d'insécurité venue de l'Est. Cet atelier proposera une approche interdisciplinaire pour analyser et comprendre le rôle des frontières dans la sécurité.

Les concepts de « ville » et de « frontière » sont déterminants en géographie. Ville-frontière, villes-doublons, ville frontalière, agglomération transfrontalière et ville post-frontière représentent quelques déclinaisons de leur association. « Ville » et « frontière » s’articulent également en termes de périurbanité, ou territoires aux frontières de la ville et sont les thèmes de l’atelier 5 (responsable : Molly O’Brien Castro). Les frontières intra-urbaines, ces séparations socio-raciales et territoriales imposées ou découlant d’un mécanisme naturel de ségrégation, qui évoquent enfermement et rupture, menace et protection, ces frontières matérielles ou imaginées, constituent une autre interprétation du lien entre les deux termes, de même que la « nouvelle frontière urbaine » : l’urbanisme souterrain.

Après avoir été beaucoup étudiée dans les années soixante-dix la littérature qu'on appelle de voyage l'a moins été à partir de la fin des années quatre-vingt. Elle connaît depuis environ cinq ans un regain d'intérêt mais sa définition s'est élargie et elle prend des aspects nouveaux liés à l'évolution de nos sociétés au fil du temps. Il serait ainsi intéressant d'explorer les nouvelles directions de cette littérature de voyage qui s'intéresse non seulement aux expériences et écrits de voyage mais également aux migrations de populations qui sont une des caractéristiques de notre époque, ainsi qu'au déplacement touristiques de masse qui en sont une autre. Dans l’atelier 6 – Littérature de voyage, littérature de frontière (responsable : Catherine Douzou), on pourra ainsi réfléchir aux évolutions des formes et des thèmes que prennent les textes qui actuellement évoquent des changements de territoires, des migrations, des voyages, des passages de frontières dans les littératures française ou étrangères, francophones ou non.

Ateliers

Atelier 1 « Frontières et droit : frontières et autodétermination »

Responsable : Jorge Cagiao y Conde : jorge.cagiao@univ-tours.fr

Atelier 2 « Frontières et traduction dans un contexte de mondialisation »

Responsable :  Joëlle Popineau : joelle.popineau@univ-tours.fr

Atelier 3 « Frontières et linguistique : marqueurs de frontière et de dépassement »

Responsable : Sylvester Osu : sylvester.osu@univ-tours.fr

Atelier 4 « Politiques (policies) et frontières : sécurité et insécurité »

Responsable : Elizabeth Sheppard Sellam : elizabeth.sheppard@univ-tours.fr

Atelier 5 « Frontières et villes »

Responsable : Molly O’Brien Castro : molly.obriencastro@orange.fr

Atelier 6 « Littérature de voyage, littérature de frontière »

Responsable : Catherine Douzou : catherine.douzou@univ-tours.fr

Comité scientifique

 

Membres du comité scientifique « Frontières »

Anquetil Sophie, MCF, CeReS EA 3648, univ de Limoges ;

Barbin Franck, MCF, LIDILE, univ. de Rennes 2 ;

Berbéri Carine, MCF HDR, ICD, univ de Tours ;

Cagiao y Conde Jorge, MCF HDR, ICD, univ. de Tours ;

Cécile Birks, MCF, Paris-Nanterre

Chommeloux Alexis, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Cingal Guillaume, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Cloiseau Gilles, MCF, LLL univ d’Orléans

Cornea Adina, Lecturer, Translation studies, Université Babes Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie ;

Del Bove Marion, MCF, anglais juridique, Faculté de droit, Université Jean Moulin Lyon 3 ;

Do-Hurinville Danh Thành, PR, ELLIADD-EA4661, Université de Franche-Comté ;

Domenec Fanny, MCF, CeliCo EA 7332, Université Paris Panthéon Assas ;

Douzou Catherine, PR, ICD, univ. de Tours ;

Dupouy Christine, PR, ICD, univ. de Tours ;

Elisa Bricco, Professore ordinario, univ de Gènes, Italie

Enos-Attali Sophie, Professeur, Sciences politiques, Institut Catholique de Paris ;

Falc’her-Poyroux Erick, PR, ICD, univ de Tours ;

Ferraro Alessandra, Professsora ordinaria de littérature française, université de Udine, Italie ;

FERREIRO VÁZQUEZ Óscar

Froeliger Nicolas, PR, Master ILTS, université Paris-Cité ;

GALANES SANTOS Iolanda

Garcia Markina Yekaterina, MCF, ICD univ de Tours.

Gatelais Sylvain, MCF,LLL, Univ de Tours ;

Gibson-Morgan Elizabeth, PR, MIMMOC, Université de Poitiers ;

Goetzmann Marc, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Hirss Martins, Visiting Lecturer, Riga Graduate School of Law, Latvia;

Jimenez-Salcedo Juan, Associate Professor, Université de Mons, Belgique ;

Lomeña Galiano María, MCF en espagnol et en traduction, LIDILE, Université de Rennes 2 ;

Medhat-Lecocq Héba, PR, ESIT, univ. Sorbonne-Nouvelle ;

Michaux Christine, Professeur, Doyenne de la Faculté de traduction et d’interprétation, Université de Mons, Belgique ;

Monjean-Decaudin Sylvie, PR, Sorbonne-Université ;

Nativel Corinne, MCF, UPEC INDED

Ndione Augustin, chargé de recherche, UCLA, Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal ;

O’Brien Castro Molly, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Osu Sylvester, PR, LLL, univ. de Tours ;

Planchon Philippe, MCF, LLL, univ de Tours ;

Popineau Joëlle, MCF, LLL, univ. de Tours ;

Prum Michel, Professeur, Paris-Diderot ;

Ray Alice, MCF, LLL, Univ Orléans

Rochaix Valérie, MCF, LLL, univ. de Tours ;

Rolland-Lozachmeur Ghislaine, MCF HDR, université de Brest ;

Sheppard Sellam Elizabeth, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Sperti Valeria, Professora ordinaria, littérature française, Universita di Napoli « Federico II », Napoli, Italie

Torrellas Castillo Manuel, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Toupin Fabienne, PR, LLL, univ de Tours ;

Tran Tri, MCF, ICD, univ. de Tours ;

Ullmo Anne, PR, ICD, univ de Tours ;

Personnes connectées : 3 Vie privée
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